*/Synergies Europe/*
/n°4/2009//ISSN 1951-6088
APPEL A CONTRIBUTION
*La créativité dans tous ses états: enjeux et potentialités en éducation*
Dans la société postmoderne la créativité apparaît comme un attribut
humain incontournable, une qualité indispensable à la réussite
individuelle comme à la réussite économique et sociale. La presse et les
médias relaient cet engouement et pourtant ce terme est autant utilisé
qu’il est peu défini.
A la suite du Parlement Européen, le Conseil des ministres de
l'Education de l'UE a proclamé 2009 "l’année européenne de la créativité
et de l'innovation". Dans ce cadre, la créativité est vue comme la
condition sine qua non de l'innovation, un pré-requis pour une société
qui imagine des stratégies nouvelles dans un monde en pleine mutation
géopolitique et informationnelle.
Il nous a donc semblé intéressant de proposer à la communauté
scientifique un numéro de synergies Europe portant sur ce thème.
Comme déjà le soulignait Michel-Louis Rouquette dans la première édition
de son « Que sais-je ? » monographique, la définition du concept
constitue un champ de recherche per se. La réflexion sur le concept
s’est poursuivie sous des formes et dans des manières très différentes
avant qu’elle se façonne comme une vraie problématique et si l’on se
place dans une perspective historique, la créativité a fait l’objet d’un
intérêt assez diversifié allant de la curiosité à la quasi exaltation
d’un côté et du désintérêt jusqu’à un rejet saupoudré de méfiance de
l’autre. Malgré cet accueil contrasté, le concept de créativité présente
normalement une connotation positive, ce qui explique l’intérêt et la
curiosité que la société en général montre à son égard.
Ce numéro ne cherchera pas à redéfinir le concept de créativité, mais
plutôt à s’interroger sur ses déclinaisons possibles, notamment dans le
domaine de l’éducation au sens large et dans celui de la didactique des
langues en particulier.
Comme le rappelle Todd Lubart dans son ouvrage Psychologie de la
créativité, « la créativité peut jouer un rôle primordial [quand il
s’agit de répondre à ] la demande de nouvelles approches et solutions.
Une société d’acteurs créatifs offre sans doute les meilleures chances
de trouver rapidement des réponses efficaces. Pour y parvenir, il semble
nécessaire, entre-autres, de promouvoir la créativité dans le système
éducatif. Ce dernier s’efforce d’apprendre aux écoliers et aux étudiants
à résoudre les problèmes suivant des procédures préétablies et bien
définies, au détriment d’apprentissages qui permettraient à l’individu
d’appréhender de façon créative des problèmes moins bien circonscrits,
et de rechercher des solutions plus adaptées. » (2003 : 2)
La critique - ou du moins le doute - sur l’efficacité des pratiques
scolaire plus courantes est tout à fait cohérente avec le décalage que
nous pouvons observer entre les grandes déclarations de principes faites
au niveau international où l’on peut remarquer que la créativité est la
faculté la plus soulignée et mise au premier plan comme valeur à
développer (pour ne citer que deux exemples majeurs : la Convention sur
les droits des enfants de 1989 et la Déclaration mondiale sur
l’éducation de 1990, les deux de l’UNESCO), et leur retombée au niveau
de la pratique scolaire. Plusieurs études ont démontré que ce qu'on
considère comme intelligence et qu'on mesure à travers des tests n'est
que faiblement lié à la créativité, et que le comportement des élèves «
dits » intelligents et celui des élèves « dits » créatifs sont souvent
très différents.
D’un point de vue éducatif, on peut postuler que développer un esprit
créatif chez les apprenants leur permet de ne pas se laisser enfermer
dans des points de vue univoques. En ce sens, l’étude des langues et des
cultures offre une opportunité assez unique de comprendre et de faire
l’expérience qu’une langue envisage le réel à partir d’une perspective
culturelle. Apprendre à interagir dans d’autres langues et d’autres
cultures offre aux apprenants une voie pour sortir de schémas mentaux
ethnocentrés en développant une forme de pensée divergente.
A cet égard, il serait intéressant de se poser avec Landry des questions
d’ordre politique : Jusqu'à quel point les nations sont-elles vraiment
intéressées à développer la créativité de leurs enfants? Ne
contrôle-t-on pas mieux un peuple peu au fait des moyens de développer
l'innovation? (1992 : 92).
Il s’agira dans ce numéro, de s’interroger sur les problématiques liées
à la créativité, dans le sens d’en questionner les enjeux, les
finalités, le rôle et les potentialités.
Compte tenu de la nature de la revue, le domaine central d’investigation
sera celui de l’éducation et en particulier celui de la didactique des
langues.
Il serait toutefois assez réducteur si ce domaine ne savait pas
s’enrichir des apports d’autres axes de réflexion, non seulement celui
de la neurolinguistique et de la psycholinguistique, mais plus en
général celui de la psychologie dans la mesure où celle-ci peut apporter
un grand éclairage sur les apprentissages au sens large et sur les
questions qui font l’objet d’investigation didactique en particulier.
La créativité se déclinant de plusieurs façons, des contributions qui
porteront sur les domaines pédagogique, linguistique et médiatique
seront les bienvenues.
La créativité ne peut pas être abordée sans s’interroger sur la grande
question de la créativité artistique. Or, il n’est pas possible
évidemment, ni d’ailleurs pertinent, de questionner en profondeur cette
dimension dans le peu d’espace de cette revue, il est toutefois très
intéressant de questionner le lien entre créativité artistique et
éducation. Dans cette perspective, on pourra relever également les liens
mis au jour par la psychologie cognitive entre créativité, émotion et
cognition. Todd Lubart notamment, propose un modèle de « résonance
émotionnelle dans lequel les émotions jouent un rôle central dans le
processus de formation d’associations créatives. » (2003 : 48)
En cohérence avec ce modèle, une interrogation sur le rôle que les
technologies de l’information et de la communication sont
potentiellement en mesure de jouer dans le développement de la
créativité sera très intéressante et elle permettra de porter un regard
nouveau sur les enjeux de ces mêmes technologies par rapport à la
didactique et aux théories de l’apprentissage.
Enfin il nécessaire de faire le lien entre créativité et innovation,
celle-ci en étant la conséquence directe dans le monde de l’entreprise.
Des contributions mettant en avant les pratiques innovantes en
entreprise et des études sur leurs retombées ne pourraient que profiter
à la réflexion pédagogique.
Ainsi strictement lié aux pratiques de créativité visant l’innovation,
un grand domaine de formation existe qui reste totalement séparé du
monde institutionnel de l’éducation et de la formation. Des milliers de
cours et de formations à la créativité sont offerts aux différents
niveaux. Il serait très intéressant de s’interroger non seulement sur
les raisons de cette séparation criante, mais aussi de considérer dans
quelle mesure une réflexion sur les objectifs, les pratiques et les
résultats de ces mêmes cours pourrait nourrir la réflexion pédagogique
dans le domaine institutionnel.
Par ailleurs, ce numéro de Synergies Europe continue la rubrique « Carte
blanche », en donnant la parole à des acteurs de terrain, des
enseignants ou des formateurs en créativité, pour un rapport
d’expérience, ou une réflexion sur les thématiques du numéro.
Une première proposition d'article sous la forme d’un bref résumé est à
soumettre au comité de lecture dans les plus brefs délais et en tout cas
avant le 10 décembre 2008.
Une fois la proposition retenue, l’article complet au format Word, Times
New Roman 10, de 20 000 signes environ, est à envoyer avant la fin du
mois de février 2009. Les articles feront l’objet d’une procédure
d’expertise de la part du comité de lecture, dont les auteurs recevront
les résultats au plus tard en avril 2009. Les articles devront être
précédés d’un résumé en langue française, d’un résumé en langue anglaise
et des mots-clés dans les deux langues, et se conformer à la feuille de
style ci-jointe. Ils seront prioritairement rédigés en langue française
mais conformément à l’esprit d’ouverture plurilingue et comparatiste de
Synergies Europe, ils seront également acceptés en anglais, allemand,
italien et espagnol.
Si vous souhaitez intervenir dans la rubrique « carte blanche », vous
pouvez choisir de proposer un texte plus court, et sans résumé.
Coordinateurs du n° 4 :
Joelle Aden, Maître de Conférences HDR en didactique de l’anglais, IUFM
de Créteil, Université Paris 12, Groupe ALDIDAC/CICC (EA2529),
université de Cergy-Pontoise. Adresse électronique
j.aden@numericable.comEnrica Piccardo, Maître de Conférences en didactique des langues, IUFM
Université Joseph Fourier Grenoble, Laboratoire LIDILEM Grenoble 3 et
EDA Paris 5 (EA 3069). Adresse électronique :
enrica.piccardo@wanadoo.fr